
Un basson, un violon, quelques percussions. Une musique proéminente qui ne laisse pas un seul silence s’installer, qui nourrit l’oreille en permanence de douces mélodies orientales et de danses tribales. Une scène qui brille de toutes les couleurs, toutes plus vivantes les unes que les autres, et autour de laquelle est modestement installé le public, en grande partie anglais, prêt à tendre l’oreille et à pénétrer l’univers merveilleux régi par Oberon et Titania.
L’après-midi avait pourtant mal commencé : la Cartoucherie de Vincennes est supposée être reliée par une navette qui part du métro et emmène au théâtre les spectateurs non détenteurs d’une voiture. Seul problème : les gens s’entassent devant l’arrêt de bus, mais aucune navette ne semble arriver et les minutes défilent. Comment faire lorsqu’il est nécessaire d’arriver avec une demi-heure voire une heure d’avance ? C’est le grand mystère de la Cartoucherie dont les navettes se perdent on ne sait trop où. Car un spectateur, ça se ménage, ça se met en condition. Cependant, une fois à l’intérieur, la magie opère et les contrariétés purement techniques sont vite oubliées. Tant mieux.
Car l’atout du Footsbarn réside principalement dans l’univers qu’il réussit à créer grâce à un grand nombre d’influences. Il travaille aussi bien sur le visuel que sur l’auditif, sur le gestuel que sur le texte, sur le décor que sur la musique.

La musique mélange également influences tsiganes, orientales ou encore tribales. (la danse de Puck a d’ailleurs fortement tendance à taper sur le système au bout de la cinquième ou sixième apparition.) Sans jamais prendre la place du texte et des acteurs, l’orchestre les accompagne en permanence, transmet une large palette d’émotions et apporte une touche d’authenticité. Il appartient au monde féerique de la forêt, comme une entité à part entière. Et puisque c’est l’œil auquel il ne faut pas se fier dans cette comédie, lui qui nous trompe, lui qui ne nous montre que les apparences, alors flattons nos oreilles et écoutons.
Autre aspect important : les décors et les costumes sont réalisés de façon très minutieuse et témoignent d’un très grand travail de préparation mais également d’un grand souci esthétique. La présence de couleurs vives rend particulièrement bien l’univers féerique lié à la pièce. Enfin, des costumes très complexes mais également des masques nous rappellent la comédie dell’arte ou encore le cirque. Il y a dans ce théâtre quelque chose de purement artisanal.

A la fin de la pièce, « la nuit se dissipe et tous les enchantements sont levés », mais le spectateur reste sous le charme, les yeux encore remplis de couleurs vives et brillantes. Lentement, il se dirige vers la navette qui le ramènera, et cette fois-ci sans encombre, à la dure réalité quotidienne.
Le Songe d’une nuit d’Eté est une pièce qui mêle farce et poésie, du pur Shakespeare. Le Footsbarn est un monde, un univers tout entier, un théâtre atypique, riche et authentique, un théâtre anglais et pourtant tellement international, joyeux, déjanté mais toujours précis et rigoureux. Du plaisir, que du plaisir ! Un théâtre du Globe moderne.

1 commentaire:
Cher Madame,
Ce petit mot simplement pour vous rappeler que la France attend en trépignant le troisième (!) article de votre blog.
Ça commence à bien faire.
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