samedi 9 février 2008

A Midsummer Night's Dream – Le Théâtre du Footsbarn à la Cartoucherie de Vincennes

Le Footsbarn Theatre a commencé l’année 2008 en implantant son chapiteau à la Cartoucherie de Vincennes, bien connue dans le milieu théâtral pour abriter notamment le théâtre de la Tempête et le théâtre du Soleil. Du 09 janvier au 03 février 2008, cette compagnie internationale, née en Angleterre et qui a parcouru le monde avant de s’installer dans l’Allier, a joué une comédie de Shakespeare, Le Songe d’une Nuit d’Eté. Montée il y a quinze ans, elle avait eu un grand succès populaire : en ce début d’année, c’était l’occasion idéale de la revoir ou de découvrir à travers elle l’univers féerique du Footsbarn.


Un basson, un violon, quelques percussions. Une musique proéminente qui ne laisse pas un seul silence s’installer, qui nourrit l’oreille en permanence de douces mélodies orientales et de danses tribales. Une scène qui brille de toutes les couleurs, toutes plus vivantes les unes que les autres, et autour de laquelle est modestement installé le public, en grande partie anglais, prêt à tendre l’oreille et à pénétrer l’univers merveilleux régi par Oberon et Titania.

L’après-midi avait pourtant mal commencé : la Cartoucherie de Vincennes est supposée être reliée par une navette qui part du métro et emmène au théâtre les spectateurs non détenteurs d’une voiture. Seul problème : les gens s’entassent devant l’arrêt de bus, mais aucune navette ne semble arriver et les minutes défilent. Comment faire lorsqu’il est nécessaire d’arriver avec une demi-heure voire une heure d’avance ? C’est le grand mystère de la Cartoucherie dont les navettes se perdent on ne sait trop où. Car un spectateur, ça se ménage, ça se met en condition. Cependant, une fois à l’intérieur, la magie opère et les contrariétés purement techniques sont vite oubliées. Tant mieux.

Car l’atout du Footsbarn réside principalement dans l’univers qu’il réussit à créer grâce à un grand nombre d’influences. Il travaille aussi bien sur le visuel que sur l’auditif, sur le gestuel que sur le texte, sur le décor que sur la musique.

Et l’aspect le plus frappant est sans aucun doute l’extrême diversité culturelle qui se dégage de la pièce, et qui est surtout due à des acteurs d’origines différentes. Sans jamais étouffer le dialecte de chacun - car la pièce est entièrement en anglais - Le Songe d’une Nuit d’Eté se colore de tous les accents de la terre sans jamais rendre le texte difficile à comprendre. Mieux encore, il lui permet de jouir d’une grande liberté, et les acteurs n’hésitent pas à jouer sur les mots, à passer de l’anglais au français voire même au japonais. Evidemment, il est fortement déconseillé d’aller voir la pièce si vous parlez trois mots d’anglais et que vous n’avez jamais lu Shakespeare. Cependant, si vous avez une petite idée de l’histoire du Songe d’une Nuit d’Eté, et même si votre anglais n’est pas parfait, vous pourrez en profiter sans trop de problèmes.
La musique mélange également influences tsiganes, orientales ou encore tribales. (la danse de Puck a d’ailleurs fortement tendance à taper sur le système au bout de la cinquième ou sixième apparition.) Sans jamais prendre la place du texte et des acteurs, l’orchestre les accompagne en permanence, transmet une large palette d’émotions et apporte une touche d’authenticité. Il appartient au monde féerique de la forêt, comme une entité à part entière. Et puisque c’est l’œil auquel il ne faut pas se fier dans cette comédie, lui qui nous trompe, lui qui ne nous montre que les apparences, alors flattons nos oreilles et écoutons.

Autre aspect important : les décors et les costumes sont réalisés de façon très minutieuse et témoignent d’un très grand travail de préparation mais également d’un grand souci esthétique. La présence de couleurs vives rend particulièrement bien l’univers féerique lié à la pièce. Enfin, des costumes très complexes mais également des masques nous rappellent la comédie dell’arte ou encore le cirque. Il y a dans ce théâtre quelque chose de purement artisanal.

Le Songe d’une Nuit d’Eté se dote également d’une part de burlesque incontournable dans l’univers Shakespearien, comme c’est le cas dans toutes les comédies. Car la troupe n’a peur de rien et surtout pas du ridicule, elle accumule les situations cocasses, le comique de geste, les mimiques et le bouffon. Le spectateur ne peut que rire aux larmes durant les scènes consacrées aux artisans tentant désespéramment de répéter le tragédie de Pyrame et Thisbé, et la transforment malgré eux en une sorte de farce et de parodie ridicule en tous points. Une véritable source de comique.

A la fin de la pièce, « la nuit se dissipe et tous les enchantements sont levés », mais le spectateur reste sous le charme, les yeux encore remplis de couleurs vives et brillantes. Lentement, il se dirige vers la navette qui le ramènera, et cette fois-ci sans encombre, à la dure réalité quotidienne.

Le Songe d’une nuit d’Eté est une pièce qui mêle farce et poésie, du pur Shakespeare. Le Footsbarn est un monde, un univers tout entier, un théâtre atypique, riche et authentique, un théâtre anglais et pourtant tellement international, joyeux, déjanté mais toujours précis et rigoureux. Du plaisir, que du plaisir ! Un théâtre du Globe moderne.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher Madame,
Ce petit mot simplement pour vous rappeler que la France attend en trépignant le troisième (!) article de votre blog.

Ça commence à bien faire.

 
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