samedi 12 juillet 2008

Les Ephémères - Ariane Mnouchkine

Une petite pensée émue pour Le Théâtre du Soleil qui a terminé ses dernières représentations des Ephémères à la Cartoucherie de Vincennes fin avril, avant d'achever sa tournée à Saint Etienne début juin. Je m’excuse de ne pas avoir écrit plus tôt, j’ai retourné cet article dans tous les sens, dans l’espoir d’écrire quelque chose de satisfaisant à propos des Ephémères. J’ai cherché les mots, j’ai essayé de décrire, de me fier à mes impressions mais je ne tarissais pas d’éloges, tout cela manquait d’objectivité, d’analyse, tout cela concentrait trop de « Je ». Avec le recul, c’est sans aucun doute parce qu’Ariane Mnouchkine y fait appel, à ce « je ». Sur ses plateaux tournants où défilent les scènes du quotidien, Ariane Mnouchkine nous parle de lui, elle parle de toi, de moi, de vous, de ceux-ci, de ceux-là, de ceux qui sont dans la salle et de ceux qui n’y sont pas.
Un spectacle qui est « fait des instants qui nous ont faits », tout cela en 6h45, ni plus, ni moins.

L’auteur Irlandais James Joyce se demandait si on arriverait à jour à mettre de la vie, de la « vraie vie » sur scène. A ne plus se contenter de l’imiter, de chercher le réel, mais d’atteindre quelque chose de vrai et d’authentique. Les Ephémères se rapproche de ce théâtre-là. « Construire de l’humain », c’est ce qu’Ariane Mnouchkine déclare vouloir accomplir.


« Le monde explose autour de nous… et nous, nous tentons de faire un spectacle sur… sur quoi au fait ? Si je te disais que les comédiens et moi-même nous sommes retrouvés travaillant sur… presque rien. Ce presque rien que nous appelons malheur, bonheur, souvent regrets, parfois heureusement révélations. Nos petites apocalypses. Nos sillages à peine tracés que déjà disparus. Nos traces, aussi invisibles que celle d’un serpent sur le sable. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de t’écrire cette lettre. J’ai eu soixante-sept ans cette année. Je suis la plus âgée. La benjamine a vingt ans. Entre elle et moi, il y a maintenant tous les âges. (…)
Le monde explose autour de nous… les glaciers fondent, les océans montent, les îles de nos rêves bientôt seront englouties, et nous sommes toujours des « analphabètes du sentiment »…
Extraits d’une lettre à un ami – 18 octobre 2006




« Life we must accept it as we see it … , men and women as we meet them in the real world …The great human comedy… gives limitless scope to the true artist.” James Joyce, Drama and Life

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